Un système d'équations différentielles ordinaires est non canonique3 si les plus hautes dérivées des variables dépendantes apparaissent dans les équations de telle manière qu'on ne puisse en déduire leur valeur. Ce qui fait que chaque fois l'on trouve des équations indépendantes de ces dérivées les plus hautes, soit dans le système lui-même, soit à partir de lui par élimination. Dans ce cas, le nombre de constantes arbitraires que fait intervenir une intégration complète -- soit l'ordre du système -- est toujours inférieur à la somme des ordres les plus hauts jusqu'où montent les dérivées de chacune des variables dans le système considéré.4 On connaît l'ordre du système, si on arrive par différentiations et éliminations à une forme canonique équivalente, de sorte que l'on puisse revenir du système canonique au système considéré. Car la somme des ordres les plus hauts jusqu'où montent dans le système canonique les dérivées de chaque variable dépendante sera aussi l'ordre du système non canonique. Mais pour trouver cet ordre, la réduction à une forme canonique n'est pas nécessaire : la chose peut aussi être résolue par les considérations suivantes.
Supposons
que l'on ait entre la variable indépendante et les
variables
dépendantes
,
, ...,
,
équations
différentielles
En recherchant l'ordre du
système d'équations différentielles
linéaires (2), on peut supposer que les
coefficients sont constants6. Dans ce cas, on obtient une intégration
complète par une méthode bien connue, sans faire aucune
réduction en forme canonique. Nous désignons par le symbole :
Éliminant
, on obtient une équation
algébrique dont les racines produisent les valeurs que peut
prendre
, et à chaque racine ou valeur de
correspond un système de valeurs
que
l'on peut toutes multiplier par une même constante arbitraire. En
sommant les valeurs de chaque variable
correspondant à
toutes les racines, on obtient sa valeur complète, et comme les valeurs
de chaque variable ainsi obtenues sont pourvues des mêmes
constantes arbitraires, l'intégration complète de
l'équation (5) induit autant de constantes
arbitraires qu'il y a de valeurs de
. Donc, l'ordre du
système d'équations linéaires (2), ou celui
du système différentiel considéré (1)
sont égaux au degré de l'équation algébrique qui
définit
. On peut représenter cette équation de la
manière suivante
Proposition I. Soient équations différentielles entre
la variable indépendante
et les variables
dépendantes
Dans ce qui précède, j'appelle maximum une valeur non
inférieure à celle d'aucune autre somme, de sorte que plusieurs
maxima égaux entre eux peuvent avoir lieu correspondant à divers
indices
du système.
Le degré de l'équation algébrique (7) ne
diminue pas, sauf si dans le déterminant de droite le coefficient de
la plus grande puissance de la quantité s'annule.
Nous obtiendrons d'autre part le coefficient de la plus haute des
puissances de si, en formant le déterminant, nous
substituons à chaque fonction rationnelle
entière
le coefficient de la plus haute,
c'est-à-dire de la
puissance que je désignerai
par
Proposition II. On appelle la dérivée partielle de
prise selon la plus haute des dérivées de
que contient
la fonction
(i.e. d'ordre
). De tous les
termes du déterminant
Nous obtenons par ce qui précède un nouveau genre de formules, les
déterminant tronqués
En cherchant l'ordre d'un système d'équations différentielles quelconques, une voie consiste à trouver une méthode par laquelle leur réduction en forme canonique puisse être effectuée10. Mais dans cet article, qu'il nous suffise de rechercher avec soin la nature du maximum dont il est question et comment on peut le trouver aisément.
Par ce qui précède, la recherche de l'ordre d'un système d'équations différentielles ordinaires est ramené au problème d'inégalités suivant, également digne d'être considéré pour lui-même :
Les quantités étant disposées en une figure carrée
Faisons en sorte que les quantités ,
,
...,
soient ainsi déterminées, que les
quantités
étant disposées en carré de la même
manière que les quantités
et que choisissant un
maximum dans chaque série verticale, ces maxima se trouvent dans des
séries horizontales toutes différentes. Si on
appelle
le maximum des termes
Par
brièveté, j'appellerai canon une figure carrée dans laquelle les
maxima des diverses séries verticales sont dans des séries
horizontales toutes différentes. Il est clair que dans un tel
canon, on peut augmenter ou diminuer tous les termes d'une
même quantité, d'où il s'en suit que parmi les
quantités
une ou
plusieurs peuvent être rendues égales à
, les autres étant
positives. Si
, la séries
,
,
...,
est la même que la série
d'origine
, c'est
pourquoi j'appellerai série inchangée une série du
canon qui correspond à une quantité
nulle. Parmi toutes les
solutions, il y en aura une la plus simple, en ce sens que les
quantités
prendront des valeurs minimales, de sorte qu'on
n'en trouvera pas d'autre pour laquelle certaines des
quantités
prendront des valeurs inférieures, les autres
restant inchangées. J'appellerai le canon correspondant à cette
solution un canon le plus simple. Il en sera
question dans ce qui suit.
À un tableau carré quelconque, j'associe les dénominations
suivantes, qui sont à bien retenir : par série,
j'entendrai toujours une série horizontale ; s'il s'agit
d'une série verticale, cela sera précisé. Par maximum,
j'entendrai toujours un terme maximal parmi tous ceux de la même
verticale, ou qui n'est inférieur à aucun autre.
J'appellerai donc maximum d'une série, un terme d'une
série horizontale qui est maximal parmi tous ceux placés dans la
même verticale que lui. Il peut arriver qu'une série n'ait aucun
maximum ou plusieurs différents entre eux. Et si la figure est
constituée comme un canon, chaque série jouit assurément d'un
maximum, car si plusieurs sont présents dans la même série, on
peut toujours sommer de manière que tous les maxima des diverses
séries appartiennent à des verticales différentes,
c'est-à-dire qu'ils forment un système complet de maxima
transversaux. Nous considérons dans le canon le plus simple le
système de ces maxima, et s'il s'en présentent plusieurs de cette
sorte, nous en choisissons un quelconque. Nous distribuons alors
toutes les séries en deux parties: les séries et les séries
,
de telle sorte qu'aucune des séries de
ne soit inchangée,
c'est-à-dire qu'aucune des quantités
qui correspondante aux
séries
ne s'annule. Je dis qu'on a
Théorème I. Dans le canon le plus simple, au moins
l'un des maxima des séries est égal à un terme situé
dans la même verticale et appartenant à une série
.
Autrement, on pourrait diminuer toutes les quantités relatives
aux séries
d'une même quantité jusqu'à ce que l'une des
quantités
s'annule ou que l'un des maxima des séries
égale un terme placé sur la même verticale et appartenant à
une série
. En effet, jamais ainsi les maxima des diverses
séries ne cesseront d'être des maxima, ni la structure du canon ne
sera perturbée. Alors, les quantités
proposées ne seraient
pas des valeurs positives minimales ni le canon le plus simple.
Si les séries se résument à une seule série, le théorème précédent
implique cet autre.
Théorème II. Dans un canon le plus simple, le maximum d'une série non inchangée est égal à un autre terme de la même verticale
Étant donné un canon le plus simple, nous choisissons de nouveau un
système complet de maxima transversaux. Dans une
série quelconque, à laquelle correspond une
quantité
non nulle, se trouve un maximum auquel est
égal selon
un terme dans la même verticale appartenant à
une série
où se trouve de nouveau un maximum
qui est égal à un terme de la même verticale d'une
série
, et ainsi de suite. Si à un maximum
donné sont égaux plusieurs termes de la même verticale, le
processus décrit peut être mené de plusieurs manières mais on
a
Théorème III. Dans le canon le plus simple, parmi les diverses manières d'aller
d'une série donnée à une autre par le processus décrit, il
s'en trouve toujours une par laquelle on parvient à une série
inchangée i.e. une série à laquelle correspond la
valeur .
Car, si le théorème n'a pas lieu, on divise les séries du
canon en deux ensembles12 dont le premier contient toutes les
séries qu'on peut atteindre par le processus donné et le second
toutes celles qu'on ne peut pas atteindre, de sorte que les séries
inchangées sont toutes dans le second ensemble. Ce faisant, on peut
prendre le premier ensemble pour les séries
et le second pour
les séries
du théorème
. Donc, selon le
théorème
, on peut aller d'une série du premier ensemble à
une série du second, ce qui est contre l'hypothèse. D'où
l'absurdité de la supposition que le théorème
n'a pas
lieu.
Par brièveté, j'appellerai par la suite
canon
un canon
quelconque où les quantités
, que je suppose toujours positives ou nulles, prennent
respectivement la place de
. Ceci défini, nous aurons à propos de ces deux canons
le
Théorème IV. Deux canons étant donnés, le premier ,
, ...,
, le second
,
, ...,
, il y aura toujours un autre
canon
tel que
l'une quelconque des quantités
soit inférieure ou
égale à la plus petite de
et
.
Il s'en suit le corollaire :
Le canon le plus simple est unique, ou encore il existe un unique
système de quantité ,
, ...,
qui donnent un canon le plus simple.
Soient les quantités
,
, ...,
respectivement plus grandes que
,
, ...,
et
,
,
...,
respectivement inférieures ou égales
à
,
, ...,
. Nous
appelons respectivement
et
les quantités
qui constituent le premier et le second canon, avec
Comme les quantités
,
, ...,
sont respectivement plus grandes que
,
, ...,
quantités elles-mêmes toutes
supposées positives ou nulles, les quantités
,
, ...,
sont toutes positives. J'observe
alors qu'il ne peut se faire que dans les séries
,
,...,
du canon
,
, ...,
on trouve un maximum égal à un terme placé dans la
même verticale, mais appartenant à l'une des séries restantes.
Soit en effet ce maximum dans la série
et le terme qui lui
est égal dans la série
, de sorte que
Il découle du théorème
Théorème V. Il n'y a pas de canon pour lequel l'une des
quantités
prenne
une valeur plus petite que pour le canon le plus simple.
Supposons donné un tel canon, par la méthode précédente on
pourrait en obtenir un autre pour lequel l'une au moins des
quantités
prendrait
une valeur plus petite que pour le canon le plus simple, les autres
n'étant pas plus grandes, ce qui est contraire à la définition
d'un canon le plus simple. Comme la valeur la plus petite que peuvent
prendre les quantités
est
, il découle de
la proposition
le corollaire
Théorème VI. Une série qui est inchangée dans un canon quelconque l'est aussi dans le canon le plus simple.
Pour savoir si un canon quelconque est ou non le plus simple, on peut ajouter cette proposition
Théorème VII. Un canon étant donné, et ayant choisi un système de maxima
transversaux, on note d'abord les séries inchangées, puis
ensuite
les séries dont les maxima sont égaux à un terme
d'une série de
situé dans la même verticale, puis
les
séries dont les maxima sont égaux à un terme d'une série
de
situé dans la même verticale, et ainsi de suite. Si,
poursuivant ce processus, on épuise toutes les séries du canon,
le canon sera le plus simple.
Les quantités
se rapportent au canon proposé et les
quantités
,
, ...,
à un autre canon. Nous
supposons choisi le même système de maxima transversaux que dans
le théorème considéré, auquel répond un système de maxima
transversaux dans l'autre canon.
Si
, le maximum de la
série
dans l'autre canon possédera une valeur plus petite
que dans le canon proposé. Si la série
appartient à
l'ensemble
, de sorte que, dans le canon proposé, le maximum de la
série
soit égal à un terme de la série
appartenant à l'ensemble
, on doit alors
avoir
. Appelant en effet
les termes du canon proposé et
ceux de l'autre, on
aura
Ensuite, dans le canon
proposé, le maximum de la série est égal à un terme de
la série
appartenant à l'ensemble
et l'on montre de
la même manière que l'on doit
avoir
, ce qui est absurde puisque,
selon la supposition faite,
et
sont positives ou nulles.
La réduction à l'absurde procède de la même manière, à
quelqu'ensemble
qu'appartienne la
série
à laquelle correspond dans l'autre canon la
quantité
inférieure à celle du canon
proposé
. Donc, si le canon est tel qu'on le suppose
dans
, les valeurs
ne peuvent prendre pour aucun autre
des valeurs inférieures; c'est-à-dire que le canon proposé
est le plus simple.
Ce qui précède contient aussi la
solution du problème étant donné un canon quelconque, en
trouver un le plus simple. On peut supposer que dans le canon
donné, l'une au moins des séries est inchangée ; s'il ne s'en
trouve pas, on en obtiendra une en diminuant tous les de la même
quantité. Comme dans le théorème
nous appelons
l'ensemble des séries inchangées, et construisons les
ensembles
qui y sont définis. Si par ce procédé on
épuise toutes les séries, le canon, selon
, est déjà
le plus simple. Supposons qu'il reste des séries dépourvues
de tels maxima, auxquels soient égaux des termes de la
même verticale appartenant aux ensembles formés. Alors les
termes des séries restantes (ou les quantités
qui se
rapportent à ces séries) peuvent toutes être diminuées
d'un même quantité jusqu'à ce que l'une de leurs quantités
ne s'annule ou que l'un de leurs maxima ne décroisse
jusqu'à égaler un terme situé dans la même verticale et
appartenant aux ensembles formés. Ceci fait, on obtient un
nouveau canon, dans lequel le nombre des séries appartenant aux
ensembles fomés selon la règle indiquée est
augmenté. Si toutes les séries entrent dans ces ensembles, le
canon obtenu sera le plus simple. Sinon, de nouveaux canons sont à
construire en répétant la même méthode, toujours moins
de séries restant en dehors des ensembles qui peuvent être
formés, jusqu'à ce que l'on parvienne à un canon dans
lequel ces ensembles épuiseront toutes les séries et qui est
le canon le plus simple cherché.
À partir du tableau proposé, en ajoutant aux termes des différentes
séries les nombres respectifs ,
,
,
,
,
,
, on
obtient un nouveau tableau, dans lequel des termes maximaux parmi tous
ceux de leur verticale sont dans des séries horizontales différentes,
ce qui est la propriété caractéristique d'un canon.
On se propose de rechercher un canon le plus simple. La série VII
constitue dans le canon donné l'ensemble . Je soustrais l'unité des termes
des autres séries, ce qui produit le canon dérivé I.
Dans le canon dérivé I, les séries IV et VII constituent l'ensemble
, la série I l'ensemble
. Je soustrais
des autres termes, ce
qui produit le canon dérivé II.
Dans le canon dérivé II, les séries III, IV, VII
constituent l'ensemble , les séries I et VI l'ensemble
; je
soustrais l'unité des deuxième et cinquième séries, ce
qui produit le dernier canon ou canon le plus simple, qui correspond
aux valeurs de
,
,
,
,
,
,
. En ajoutant
celles-ci aux termes des diverses séries du tableau
proposé, on obtient le canon le plus simple. Les séries III,
IV, VII constituent l'ensemble
, les séries I, II, V, VI
l'ensemble
; nous voyons que ces ensembles épuisent toutes les
séries, ce qui est la propriété caractéristique du
canon le plus simple.
Si on ne donne pas de canon mais seulement les termes du tableau proposé qui constituent une somme transversale maximale, on parvient au canon le plus simple en ajoutant à chaque série la quantité minimale pour que le terme de cette série appartenant à la somme transversale maximale soit rendu égal au maximum de sa verticale. Ayant appliqué ce procédé à chaque série et l'ayant répété si nécessaire, on doit parvenir à un canon qui sera le plus simple, puisqu'on n'ajoute pas d'incrément aux séries qui soit plus grand que ce qui est nécessaire pour que les termes donnés soient rendus maximaux dans leurs verticales respectives.
Les termes notés d'un astérisques forment une somme transversale maximale, il apparaît que j'ai tiré le tableau proposé du canon précédent en changeant les séries horizontales en verticales et les verticales en horizontales; ce faisant, les mêmes termes constituent une somme transversale maximale, mais le tableau cesse d'être un canon.
Au séries
Aux séries
Comme, étant donné un canon, on connaît aussi une somme transversale maximale du tableau proposé, on peut ramener au problème résolu par ce qui précède cet autre problème, étant donné un canon quelconque, rechercher le plus simple. Celui-ci aura donc deux solutions, l'une par soustractions successives, comme plus haut, l'autre procédant par additions successives, à savoir que si nous tirons du canon donné une somme transversale maximale du tableau proposé, nous appliquons, celle-ci connue, la méthode précédente.
Dans le tableau préparatoire, je cherche le nombre maximal de maxima transversaux, quand il y a plusieurs choix possibles, il suffit d'en considérer au moins un. Ce choix fait, je résouds le problème proposé en augmentant successivement le nombre de maxima transversaux jusqu'à ce qu'on obtienne un tableau doté d'un système complet de maxima transversaux qui sera le canon recherché. Il suffit donc de démontrer qu'on peut accroître d'une unité le nombre de maxima transversaux par une augmentation idoine des séries.
A | C |
B | D |
Je divise le tableau préparatoire en quatre parties comme dans la
figure ci-contre. Nous supposons que les maxima transversaux choisis
sont tous dans la partie , de sorte que les séries où sont ces
maxima occupent les parties
et
; les verticales auxquelles ils
appartiennent occupent les parties
et
. J'appelle supérieures
les séries occupant les parties
et
et inférieures celles
occupant les parties
et
. J'appelle ensuite gauches les
verticales occupant les parties
et
et droites les verticales
occupant les parties
et
. Dès lors, dans la partie
ne se
trouve aucun maximum. Sans quoi, le nombre de maxima transversaux
serait augmenté, contredisant l'hypothèse que l'on en a choisi un
nombre maximal. Les verticales droites ont donc leurs maxima en
;
les termes maximaux dans leurs verticales des séries inférieures
seront en
, et chacun d'eux sera égal à un maximum de la même
verticale placé en
, puisque dans l'espace
se trouvent les
maxima de toutes les verticales de gauche de même que de toutes les
séries supérieures.
Ceci posé, je partage toutes les séries en trois classes qui sont définies comme suit.
Je choisis celles des séries supérieures qui, outre des maxima
en , en possèdent même d'autres placés en
, de telle sorte
qu'une au moins de ces séries existe. Supposons que l'un des maxima
de ces séries placé en
soit égal à un autre terme de la
même verticale ; on recherche un maximum placé dans la même
série que ce terme et s'il est égal à un autre terme dans la
même verticale, nous cherchons de nouveau un maximum placé dans la
même série que ce terme, et ainsi de suite. Toutes les séries
auxquelles on peut parvenir par ce moyen, depuis les séries de
départ, constituent la première classe.
Je dis que, parmi les séries de la première classe, ne se trouvent
pas de série inférieure, ni de série supérieure à partir
de laquelle on puisse parvenir à une série inférieure par le
moyen indiqué. En effet, étant parti d'une série qui, outre un
maximum en en possède un ailleurs en
, on considère un
système de maxima placés en
auxquels on est parvenu par la
méthode indiquée, dont le dernier, si cela se peut, est égal à
un terme de la même verticale placé en
. Tous ces maxima
placés en
sont, par hypothèse, transversaux et on obtiendra à
leur place un autre système de maxima transversaux si l'on substitue
à chacun d'entre eux un terme égal placé sur la même
verticale. De la sorte, on substitue au dernier maximum le terme
placé en
, sans plus utiliser la première série, dont nous
sommes parti. En adjoignant le maximum de cette série placé en
pour former un nouveau système de maxima, le nombre des maxima
transversaux augmente d'une unité, ce qui contredit la supposition
que ce nombre était maximal.
Les séries supérieures qui n'appartiennent pas à la première classe et à partir desquelles on ne peut parvenir par le moyen indiqué à une série inférieure appartiennent à la seconde classe. Il peut se faire que cette classe soit vide.
Appartiennent enfin à la troisième classe toutes les séries inférieures et les séries supérieures à partir desquelles la méthode indiquée donne accès aux séries inférieures. Donc, si un terme d'une série inférieure est égal à un maximum d'une série supérieure sur la même verticale -- ce qui est toujours le cas -- cette série supérieure appartiendra à la troisième classe. La troisième classe, sauf si le tableau est déjà un canon, contient au moins deux séries, l'une inférieure, l'autre supérieure.
J'exprimerai de nouveau ce que j'ai démontré au sujet de la
première classe en disant que, parmi les séries supérieures de
la troisième classe, il ne s'en trouve aucune qui possède un
maximum placé en . J'utiliserai par la suite cette forme de la
proposition.
Les observations faites à cette occasion produisent en même temps une méthode pour faire apparaître le nombre maximal de maxima transversaux dans le tableau préparatoire. En effet, ayant posé un tel système de maxima transversaux, s'offrant de prime abord, cette classification des séries indique si leur nombre peut être augmenté.
La classification ainsi décrite étant faite, toute la troisième classe est augmentée d'une quantité identique et la plus petite qui fasse qu'un terme des séries de cette classe atteigne un terme maximal placé sur la même verticale appartenant à une série de la première ou de la seconde classe.
Ainsi, si le maximum appartient à la première classe, le nombre de
maxima transversaux peut être augmenté. Soit en effet une série
supérieure qui possède, outre un maximum en , un autre en
et
d'où l'on puisse aller par le moyen indiqué à une série
inférieure. Cette série est à compter au nombre des séries
supérieures tandis qu'on doit augmenter celui des verticales de
gauche par la verticale de droite dans laquelle se trouve ce maximum
placé en
. Si le terme d'une série de la troisième classe,
égal à un maximum d'une série de la première, se trouve
en
, les maxima transversaux restent inchangés, il suffit
d'ajouter ce terme. Si encore ce terme se trouve en
, il faut
changer tous les maxima formant cette chaîne par laquelle on
descend jusqu'à la série inférieure depuis la série contenant
le maximum en
. À savoir que chacun de ces maxima transversaux est
à remplacer par le terme de la même verticale qui lui est égal,
le dernier donc par ce terme en
, de nouveaux maxima transversaux
apparaissant ainsi en ajoutant au début le terme de la première
série13, comme
je l'ai fait remarquer au sujet de la première classe.
Si le maximum auquel est égal un terme de la troisième classe se trouve dans une série de la seconde, rien ne change, sinon que ces séries passent dans la troisième classe en même temps que toutes les séries restantes de la seconde classe à partir desquelles, par la chaîne indiquée, on atteint cette série. Répétant cette opération de nouveau, ou on augmente le nombre de maxima transversaux, ou on diminue celui des séries de la seconde classe, à moins qu'avant que le nombre de maxima transversaux ne soit augmenté on ne parvienne à un tableau privé des séries de la seconde classe, parce que toutes seront passées dans la troisième. Mais alors, par l'opération indiqué, on obtiendra assurément une augmentation des maxima transversaux. Y étant parvenu, il faut, dans les différents cas qui peuvent se produire et qu'il serait long d'énumérer, effectuer une nouvelle répartition des maxima transversaux en les trois classes indiquées et, ceci fait, répéter l'opération jusqu'à ce qu'on parvienne à un canon dans lequel les séries inférieures seront toutes devenues supérieures et les verticales de droite devenues de gauche.
Et par la méthode précédemment décrite, on obtient non seulement un canon, mais un canon le plus simple. Pour le prouver, je démontrerai que les quantités dont sont augmentées les séries sont minimales, parce qu'elles sont exigées pour produire tout canon. Tout d'abord, en ce qui concerne l'opération préparatoire, j'observe que chaque terme du canon est supérieur ou égal au terme correspondant du tableau donné, comme le canon est obtenu en ajoutant à chaque série du tableau uniquement des quantités positives ou nulles. Donc, le maximum dans chaque verticale du canon est supérieur ou égal au maximum dans la même verticale du tableau donné. Or, dans les canons, se trouve dans chaque série un maximum, donc un terme qui est supérieur ou égal au maximum du tableau donné placé dans la même verticale ; nous devons donc augmenter chaque série du tableau donné privé de maximum d'une quantité telle que l'un de ses termes devienne supérieur ou égal au maximum de la même verticale. Si alors nous considérons les quantités dont diffèrent chaque terme d'une série des maxima de la même verticale, la quantité dont la série doit être augmentée ne doit pas être inférieure au minimum de ces quantités. Ainsi donc, en augmentant chaque série privée de maximum de la quantité minimale qui rendra l'un de ses termes égal au maximum de la même verticale, ces séries ne sont certainement pas augmentée de quantités plus grandes que ce qui est exigé pour former le canon.
La préparation faite, si elle fournit déjà par elle-même un canon, celui-ci est certainement le plus simple ; nous avons vu en effet que des quantités positives, minimales pour fournir un canon, sont ajoutées aux séries du tableau proposé. Mais si un canon n'est pas encore apparu, il a fallu procéder à la distribution des séries en trois classes. Je vais maintenant démontrer que pour produire un canon, il ne peut se faire que l'une des séries de la troisième classe demeure inchangée.
Dans la démonstration, j'appellerai le tableau
préparatoire,
le canon obtenu. Je suppose toujours que la
classification des séries a nécessité de considérer en
un
certain système de maxima transversaux dans l'espace
, de sorte
que s'il se trouve plusieurs systèmes de la sorte en
, l'un
quelconque d'entre eux doive être choisi. De même dans
, je
suppose, si plusieurs systèmes de maxima transversaux se
présentent, que l'on en a choisi un.
Nous considérons en , s'il s'en présente, l'ensemble de toutes
les séries supérieures de la troisième classe inchangées,
c'est-à-dire celles auxquelles nulle quantité n'est ajoutée pour
former le canon
, ou encore qui sont en
et
identiques. Nous
appelons
l'ensemble de ces séries et nous considérons des
maxima transversaux de celles-ci choisis dans
et
. Je dis que
les systèmes de ces maxima dans
et
seront dans les mêmes
verticales. Soit en effet
l'un de ces maxima dans
placé dans
une série inchangée, il lui correspond dans
un terme égal de
la même série et lui-même maximal dans sa verticale. Car, comme
on passe de
à
par additions positives, les termes de cette
verticale en
sont inférieurs ou égaux aux termes correspondants
de
; donc si leur maximum en
est égal à un terme de
dans la même verticale, celui-ci doit être à plus forte raison maximal
parmi les termes de la même verticale dans
. Le terme
doit
appartenir à l'espace
car, selon les propriétés des
classes, une série supérieure de la troisième classe n'a pas de
terme maximal dans sa verticale placé en
. Nous appelons
l'ensemble des verticales dans lesquelles sont les maxima des
séries
de
dans
et nous supposons que la verticale dans laquelle
est
n'appartient pas aux verticales de
. Il existera en
dans cette verticale un maximum
appartenant aux maxima
transversaux choisis dans l'espace
et c'est pourquoi ce maximum
sera
placé dans une série qui ne fait pas partie de celle de
. Les
maxima transversaux choisis dans les séries
sont eux-mêmes
dans les verticales de
, alors que
est supposé être dans
une verticale n'appartenant pas à
. Cette nouvelle
série14 doit être une série supérieure appartenant à la
troisième classe ; le maximum
appartient en effet à
l'espace
et il résulte de la définition des classes donnée
que si, dans la même verticale, se trouvent des termes maximaux tous
égaux entre eux, les séries dans lesquelles ils ont placés
appartiennent à la même classe. Alors, si pour former le
canon
, on ajoutait à cette série une quantité non nulle, le
terme de
correspondant à
se trouverait plus grand que
,
et donc aussi plus grand que le terme
placé dans la même
verticale, ce qui ne peut pas se produire puisque
est maximal dans
sa verticale. Cette série doit donc elle-même être inchangée,
ce qui est aussi absurde car on a supposé que les séries de
sont l'ensemble de toutes les séries inchangées de la troisième
classe. Donc
lui-même se trouve nécessairement dans une
verticale de
; comme ceci vaut pour chacun des maxima, il s'ensuit
que le système des maxima transversaux des séries de
choisis
dans
sont dans les mêmes verticales que le système des maxima
transversaux de ces mêmes séries choisis dans
; C.Q.F.D.
Si l'on prend dans des termes correspondants et égaux aux maxima
des séries de
dans
, ceux-ci formeront dans
un autre
système de maxima transversaux qui sont dans les mêmes séries
horizontales et verticales. Ce qui ne peut se faire, à moins
que les termes des deux systèmes placés dans les mêmes
verticales ne soient égaux entre eux. D'où provient ce
corollaire : si l'on prend dans
, dans une série inchangée de la
troisième classe, un maximum, on aura dans
un maximum égal,
dans la même verticale, dans une série supérieure de la même
classe. Je suppose toujours que les maxima dans
ou dans
sont
pris dans les systèmes choisis de maxima transversaux.
Pour le reste, la proposition précédente se démontre de la
même manière si désigne l'ensemble des séries
inchangées de la seconde classe ; c'est en revanche seulement pour
celles-ci que la proposition possède force et signification. En
effet, les séries inchangées de la troisième classe n'existent
absolument pas.
Il apparaît d'abord qu'on n'a pas de séries inférieures
inchangées. Si en effet, il y a une série inférieure
inchangée, soit son maximum dans
, tiré du système de
maxima transversaux choisis ; ce même terme sera en
maximal
parmi tous ceux de la même verticale et pour cela est égal à un
maximum d'une série de la troisième classe placé dans la même
verticale et appartenant aux maxima transversaux15. Mais, selon le corollaire
précédant, il doit se
trouver dans
dans la même verticale un maximum d'une série
supérieure appartenant aux maxima transversaux, d'où l'on aura
dans
, dans la même verticale, deux maxima transversaux, l'un dans
une série supérieure, l'autre
dans une inférieure, ce qui
est contraire à la notion de maxima transversaux.
Je vais maintenant démontrer que, s'il y a une série la troisième classe supérieure inchangée, il y en a une inférieure inchangée ; comme c'est impossible, il sera prouvé qu'il n'y a de série inchangée de la troisième classe, ni inférieure ni supérieure.
Supposons donnée une série supérieure
inchangée de la troisième classe que je désigne par . Selon
la définition de la troisième classe, on aura des séries
,
,
, ...,
telles que leurs maxima
qui sont tirés du système de maxima
transversaux choisis, ont chacun dans la même verticale un terme
égal
dans la série suivante, le dernier
étant
égal à un terme
de la même verticale dans une série
inférieure, de sorte que
et
sont tout deux dans la
même série, et que
et
sont tous deux égaux et
dans la même verticale. Alors, si une série supérieure
de la
troisième classe est inchangée, on aura selon le corollaire
précédent un maximum dans
égal à
lui-même et placé
dans la même verticale ; d'où il sera impossible pour former le
canon d'augmenter la série
, sans quoi, en effet, on
augmenterait le terme
et le maximum
lui-même, placé dans
la même verticale, disparaîtrait. La série
doit donc
elle aussi être inchangée, et l'on prouve de même que chacune
des séries
, ainsi que la série
inférieure
, sont inchangées, ce que nous avons vu être
impossible.
Comme, pour former le canon, aucune série de la
troisième classe ne peut rester inchangée, soit la plus petite
des quantités par lesquelles ces séries doivent être
augmentées pour que, étant toutes augmentées de
, il s'en
trouve dans le nouveau tableau au moins une, qui pour former le canon
ne doive pas être augmentée davantage, mais demeure inchangée.
Soit
la quantité minimale dont on augmente une série
de la
troisième classe pour que l'un de ses termes devienne égal au
maximum d'une série de la première ou de la seconde classe placé
dans la même verticale. Si
16 et que toutes les
séries de la troisième classe
sont augmentées
de
, nous voyons que dans le nouveau tableau la
répartition des séries en classes n'est pas modifiée, et que
chacune appartient à la même classe que dans
. Il ne pourra
donc y avoir
; sinon en effet, on aurait un tableau dans lequel
se trouveraient des séries inchangées de la troisième classe, ce
qui ne peut être. Nous voyons de là que la quantité minimale
dont les séries de la troisième classe doivent être augmentées
pour que l'un de leurs termes atteigne un maximum d'une série de la
première ou de la seconde classe placé dans la même verticale
et inférieur ou égal à la plus petite des quantités dont les
séries de la troisième classe doivent être augmentées pour
former le canon. D'où il procède que, par la règle énoncée, on
n'effectue jamais d'additions supérieures à ce qui est
nécessaire pour former un quelconque canon et à cause de cela,
le canon obtenu par notre règle sera le plus simple.
Dans le tableau proposé, les trois premières series et la
cinquième n'ont pas de termes maximaux. Il faut ajouter
respectivement à ces séries les nombres minimaux ,
,
,
, par lesquels on peut faire que l'un de leurs termes devienne
maximal. Dans le tableau ainsi préparé, j'ai souligné tous
les termes maximaux de chaque verticale et mis une étoile en
exposant aux maxima transversaux choisis (noté par un
astérisque). Enfin, j'ai noté d'un
les séries de la
troisième classe que l'on trouve ainsi. D'abord, y appartiennent
toutes les séries
qui n'ont pas de terme étoilé,
que j'ai appelées ci-dessus inférieures ; ensuite les
séries
qui ont un terme étoilé dans une verticale
où a déjà été souligné un terme d'une
série
; si, outre les termes étoilés, les
séries
ont d'autres termes soulignés, on cherche dans
les mêmes verticales de nouveaux termes étoilés, qui
appartiennent aux séries
, et ainsi de suite: toutes les
séries
,
,
etc. aisément trouvées
forment la troisième classe. Il apparaît aussi que pour
appliquer la règle jusqu'au bout, il faut seulement demander de
connaître les séries de la troisième classe et que la
répartition en première et seconde classe est inutile. La
règle en effet n'exige rien d'autre que d'augmenter ensemble
toutes les séries de la troisième classe d'une quantité
minimale qui fasse que l'un de leurs termes devienne égal à
l'un des termes maximaux étoilés des autres séries,
situé dans la même verticale. Tout le travail consiste en
effet en cette augmentation des séries, le choix de maxima
transversaux et la détermination des séries de la
troisième classe, après laquelle une augmentation est de
nouveau effectuée. Ce qui doit être continué jusqu'à
ce que l'on ne trouve plus de séries de la troisième classe,
auquel cas on est parvenu au canon le plus simple.
On peut, par divers artifices, s'épargner la tâche de réécrire tout le tableau après un changement quelconque. À savoir que pour passer d'un tableau au suivant, il n'est pas nécessaire d'avoir d'autres termes sous les yeux que ceux qui sont maximaux dans chaque verticale et ceux immédiatement inférieurs, et qu'il suffit d'écrire ceux-ci. Ensuite, il n'est pas nécessaire de respecter l'ordre des séries, il suffit de rayer les séries à augmenter et de les réécrire en dessous de celles qui n'ont pas été changées. Mais ces moyens et d'autres qui sont commodément employés pour une grande masse de nombres sont laissés au choix de chacun. cm
to to 4cm