Ce TD met en œuvre la logique de Hoare sur des programmes Java. On commence par annoter le code source Java par des spécifications formelles ; puis un outil automatique produit un ensemble de formules logiques, appelées obligations de vérification, exprimant la correction du programme vis-à-vis de cette spécification ; enfin des outils de preuve automatique sont utilisés pour montrer la validité de ces formules.
Ce TD nécessite des outils qui ont été installés et testés en salles infos. Si vous souhaitez vraiment travailler sur votre portable ou à distance, le plus simple est certainement de vous connecter sur l'une des machines des salles infos par ssh. L'installation de certains des logiciels nécessaires est fastidieuse et d'autres ne tournent pas sous Windows.
Nous allons utiliser deux outils :
ATTENTION : Pour ce TD et seulement pour ce TD, il est inutile de lancer Eclipse depuis le menu « K ». Utilisez la commande suivante :
/users/profs/info/kaustuv.chaudhuri/bin/td7-eclipse
Pour cela, le plus facile est d'ajouter à votre PATH le répertoire /users/profs/info/kaustuv.chaudhuri/bin par la ligne:
[loire ~]$ export PATH=/users/profs/info/kaustuv.chaudhuri/bin/:$PATH
(La partie [loire ~]$
, c'est l'invite de commande.) Ensuite, vous pourrez lancer Eclipse ainsi:
[loire ~]$ td7-eclipse &
OpenJML n'est pas encore compatible avec Java 1.8 installé dans les salles infos. Nous avons donc besoin de configurer Eclipse afin d'utiliser Java 1.7.
Window
→ Preferences
et taper Installed JREs
dans le zone de text en haut à
gauche.Add
puis Standard VM
puis Next
et mettre deux champs comme ci-dessous:JRE home: |
/users/profs/info/kaustuv.chaudhuri/jdk1.7.0_79 |
Default VM arguments: |
-ea |
JRE name
et JRE system libraries
seront automatiquement remplis.Finish
.
OK
Pour commencer, il faut installer le plugin OpenJML pour Eclipse.
Help
> Install New Software
; cliquer alors sur le bouton Add
.Name |
OpenJML |
Location |
http://jmlspecs.sourceforge.net/openjml-updatesite |
OK
.OpenJML
et cliquer sur Next
(deux fois).Finish
.OK
.Le programme Z3 étant assez compliqué à compiler et installer, nous l'avons fait pour vous. Il n'y a plus qu'à dire à Eclipse et OpenJML
où il se trouve ! Pour cela, ouvrir la fenêtre des préférences d'Eclipse (cliquer sur "Window > Preferences"
), et écrire
OpenJML Solvers
. Dans le champ z3_4_3, mettre:
/users/profs/info/kaustuv.chaudhuri/bin/z3
puis cliquer sur OK
.
Nous allons maintenant effectuer pas à pas un premier exemple pour montrer comment annoter et vérifier un programme Java.
File
> New
> Java Project
.Use a project specific JRE
et jdk1.7.0_79
dans la liste déroulant. Finish
.JML
> Enable JML for this Project
.Les annotations sont insérées sous la forme de commentaires particuliers, de la forme /*@ ... */ ou //@. Supposons par exemple que l'on souhaite vérifier le programme suivant calculant le minimum d'un tableau d'entiers :
class Min { int getMin(int t[]) { int res = t[0]; for (int i = 1; i < t.length; i++) if (t[i] < res) res = t[i]; return res; } }
La première forme d'annotation consiste à associer aux méthodes des pré- et postconditions. Une précondition est une propriété que l'on suppose vraie au moment où la méthode est appelée. Elle est introduite par le mot clé requires dans une annotation précédant la méthode. Ainsi
//@ requires t != null && t.length > 0; int getMin(int t[]) { ... }
indique que la méthode getMin attend un tableau (non null) ayant au moins un élément. Notez la présence du point-virgule à la fin de l'annotation.
Attention : lors d'un copy-paste depuis ce sujet, Eclipse ajoute parfois un caractère espace avant le caractère @, ce qui désactive l'annotation correspondante. Pensez à rectifier si besoin.
Une postcondition indique au contraire une propriété garantie par la méthode, une fois son exécution terminée. Elle est introduite par le mot clé ensures. Ainsi une postcondition (partielle) pour getMin peut être
//@ ensures \forall int i; 0 <= i && i < t.length; \result <= t[i]; int getMin(int t[]) { ... }
Elle exprime que le résultat est plus petit que tout élément de t. Comme on le voit sur cet exemple, la valeur renvoyée par la méthode est dénotée par \result. On notera également que l'on utilise dans la quantification universelle le type int, qui désigne ici les entiers mathématiques, et non le type int de Java.
formule ::= expr | expr rel expr | formule ==> formule | formule <==> formule | formule && formule | formule || formule | \forall type ident ; formule ; formule | \exists type ident ; formule ; formule rel ::= == | != | <</tt> | <= | > | >=Les priorités des connectives logiques sont, de la plus forte à la plus faible : les relations (rel), la conjonction (&&), la disjonction (||), l'implication (==>), l'équivalence (<==>), et les quantifications (\forall et \exists).
/*@ loop_invariant @ 1 <= i && i <= t.length && @ \forall int j; 0 <= j && j < i; res <= t[j]; @*/ for (int i = 1; i < t.length; i++) ...Cet invariant exprime d'une part que i reste toujours compris entre 1 et t.length et d'autre part que res est plus petit que toutes les valeurs t[0],...,t[i-1]. Notez qu'il faut écrire i <= t.length et non i < t.length car l'invariant doit être vérifié à la fin de la dernière exécution du corps de la boucle, où i = t.length.
Pour prouver d'autre part la terminaison de cette boucle, il faut spécifier un variant, c'est-à-dire un entier naturel qui décroît à chaque tour de boucle. Ce variant est spécifié avec le mot clé decreases. Ici t.length-i convient :
/*@ loop_invariant ... @ decreases @ t.length - i; @*/ for (int i = 1; i < t.length; i++) ...
Le source complètement annoté est donc le suivant :
class Min { /*@ requires t != null && t.length > 0; @ ensures \forall int i; 0 <= i && i < t.length; \result <= t[i]; @*/ int getMin(int t[]) { int res = t[0]; /*@ loop_invariant @ 1 <= i && i <= t.length && @ \forall int j; 0 <= j && j < i; res <= t[j]; @ decreases @ t.length - i; @*/ for (int i = 1; i < t.length; i++) if (t[i] < res) res = t[i]; return res; } }
ATTENTION : Il ne faut pas oublier d'activer OpenJML pour le projet Java que vous avez crée. Cela se fait par le menu d'Eclipse : cliquer sur JML puis "Enable JML on the project".
Normalement, le prouveur Z3 doit réussir à prouver à la fois les invariants de boucle, les variants et que les post-conditions sont vraies. On obtient alors la fenêtre suivante, qui indique que toutes les spécifications ont été prouvées correctes.Lorsqu'une obligation n'est pas prouvée, il y a trois raisons possibles à cela :
Le plugin Eclipse d'OpenJML est parfois assez instable et les causes de bugs sont multiples. Si vous constatez que la vérification des invariants ne fonctionne plus ou si vous obtenez des exceptions lorsque vous cliquez sur ESC, vous pouvez relancer Eclipse ou bien utiliser la ligne de commande pour vérifier les invariants. Pour cela, vous pourrez appeler OpenJML grâce au script td7-z3 qui s'utilise ainsi:
[loire ~]$ cd workspace/TD7/src [loire src]$ td7-z3 Ex3.java
Notez que ce script est juste un raccourci pour la ligne de commande suivante :
/users/profs/info/kaustuv.chaudhuri/jdk1.7.0_79/bin/java -jar /users/profs/info/kaustuv.chaudhuri/bin/openjml.jar -esc -exec /users/profs/info/kaustuv.chaudhuri/bin/z3 Ex3.java
Si OpenJML arrive à prouver toutes les assertions, il n'affiche rien dans le terminal. Sinon, il souligne les assertions qu'il n'arrive pas à prouver.
On commence par quelques exercices d'annotation de boucles. On écrira chaque exercice dans un fichier source différent.
static void loop1(int n) { //@ decreases ...; while (n > 0) n--; } static void loop2(int n) { //@ decreases ...; while (n < 100) n++; }
Déposer vos fichiers sources.
class Ex2 { //@ ensures \result == 0; static int loop3(int i) { while (i > 0) i--; return i; } }
Random r = new Random(); int n = r.nextInt();
/*@ requires t != null; @ ensures \result <==> (\forall int i; 0 <= i && i < t.length; t[i]==0); @*/ static boolean all_zeros(int t[]) { /*@ loop_invariant ...; @ decreases ...; @*/ for (int k = 0; k < t.length; k++) { if (t[k]!=0) return false; } return true; }Donner un invariant et un variant à la boucle for de manière à prouver la correction et la terminaison de ce programme.
Déposer vos fichiers sources.
public class BinarySearch { static int binary_search(int t[], int v) { int l = 0, u = t.length - 1; while (l <= u) { int m = (l + u) / 2; if (t[m] < v) l = m + 1; else if (t[m] > v) u = m - 1; else return m; } return -1; } }
Pour cela, donner à la méthode binary_search une précondition exprimant que le tableau t n'est pas null et à sa boucle while un invariant de boucle portant sur les indices l et u et un variant.
Déposer votre fichier source.
Effectuer la vérification.
Déposer votre fichier source.
Note : il existe plusieurs manières de spécifier qu'un tableau est trié. On préférera la forme à deux variables « pour tout i et tout j, si i <= j alors ... » (à la forme utilisant une quantification sur une seule variable), car elle produit des obligations de preuve plus simples, qui ne nécessitent pas de preuve par récurrence.
De même, renforcer la postcondition pour exprimer la complétude de ce programme :
Si l'on utilise une conjonction d'implications, on prendra soin de parenthéser correctement (la conjonction a priorité vis-à-vis de l'implication).
Adapter en conséquence l'invariant de boucle et relancer le processus de vérification.
Déposer votre fichier source.
public class Tri { void swap (int t[],int i,int j) { int tmp = t[i]; t[i]=t[j]; t[j]=tmp; } void selectionSort(int t[]) { int mi,mv; for (int i=0;i < t.length;i++) { mv=t[i]; mi=i; for (int j=i+1;j < t.length;j++) { if (t[j] < mv) { mi=j; mv=t[j]; } } swap(t,i,mi); } } }
Dotez les méthodes swap et selectionSort d'une pré-condition, et dotez chacune des deux boucles d'un invariant, afin de permettre à la machine de vérifier que tous les accès à la mémoire sont sûrs. (Suggestion : exigez que t soit non nul et indiquez à quels intervalles appartiennent les indices i et j.) Dotez ensuite chacune des deux boucles d'un variant (mot clé decreases), afin de permettre à la machine de vérifier que l'algorithme termine. Cela fait, toutes les obligations de preuve doivent être vérifiées par le prouveur automatique.
Déposer votre fichier source.
Les post-conditions doivent être validées par le prouveur.
Déposer votre fichier source.
/*@ requires t != null ; @ ensures \forall int i,j; 0<= i && i<=j && j < t.length; t[i] <= t[j]; @*/ public static void selectionSort (int[] t)
Enrichir les deux invariants de boucle de façon à ce que toutes les obligations de preuve soient satisfaites. (Suggestions : dans la boucle externe, on pourra spécifier quelle partie du tableau est déjà triée et dans la boucle interne, on pourra montrer que la valeur mv est la plus petite valeur de la partie non-triée de la liste. On pourra également donner la relation entre les valeurs de la partie triée et de la partie non-triée de la liste.)
Le résultat obtenu est intéressant, mais ne donne pas la garantie d'avoir correctement implémenté un algorithme de tri. Pourquoi ? Pouvez-vous suggérer quel algorithme clairement incorrect satisferait notre spécification de selectionSort ?
Comment étendre la post-condition de la fonction selectionSort pour prouver que le résultat est bien le même tableau t trié ? Essayer d'écrire ces post-conditions en JML et de les prouver. Eventuellement, on pourra imposer des contraintes (sous forme de pré-conditions) au tableau t.
Déposer votre fichier source.